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Interview Electropixel – Yuko Katori

Interview Electropixel #8

Pourriez-vous vous présenter, votre parcours et comment en êtes vous venus à développer votre pratique artistique?
J’ai une formation en musique classique. Ainsi, comme d’habitude dans ce parcours, j’ai commencé le piano très tôt dans mon enfance, puis la composition. Lorsque j’étais étudiant en composition à Tokyo il y a environ 25 ans, l’IRCAM et Tristan Murail sont venus avec l’ensembre intercontemporain pour une résidence d’une semaine au conservatoire où j’étais. Ayant déjà été redoutés par la façon dont ce monde de la musique et de la composition semblait fonctionner, ils incarnent pour moi une version gigantesque du centrisme absolu, l’élitisme ( !), et un système de collusion quasi permanente entre les autorités (professeurs) et les étudiants. Bien que j’ai personnellement pensé que Murail était un bon compositeur. De toute façon, j’ai décidé que je ne ferai jamais des choses comme ça, à savoir de la “musique informatique” comme art, et d’être associé à ce monde de l’élitisme. Il n’y avait pas de vie ou de vérité pour moi.
Quoi qu’il en soit, pour cette raison, je ne suis pas passé par ce que la plupart de mes contemporains faisaient en tant que compositeurs. J’ai continué à composer les années suivantes, d’une façon ou d’une autre, mais pas de la « musique informatique ».
Puis, à ma grande surprise, grâce à Jean Voguet, j’ai brisé mon propre tabou pour commencer à créer de la musique numérique il y a plusieurs années. Ce qui est vraiment remarquable, c’est que cette ” création acousmatique ” m’a libéré plus que toute autre chose de tout ce qui m’a lié dans le passé. Donc, voila, je suis venu à developpé cette pratique de musique acousmatique comme ça.
Pourriez vous décrire le projet que vous présentez à electropixel cette année ?
Je vais présenter 2 pièces. Il s’agit d’une esthétique ultime face au côté déprimant de l’humanité …

« Le mirage d’Eve 1 »
Souvenir = Eau vivante
Pourquoi ne pas mourir à l‘aube blanche

Le poète symboliste belge Charles van Lerberghe a écrit “La Chanson d’Ève” en 1904, puis Gabriel Fauré (op.95, composition entre 1906 et 1910) pour le cycle de chants du même titre. Et si Lerberghe était un artiste d’aujourd’hui vivant en ce début du 21ème siècle ? Et s’il essayait de créer ses œuvres sur le même thème que “La Chanson d’Ève”, que ferait-il et comment ? Ces 2 pièces sont basées sur cette imagination. Quand “La Chanson d’Ève” a été écrit (par lui puis par Fauré), c’était juste avant la Première Guerre mondiale, l’aube de l’histoire sombre du XXe siècle qui mène bientôt à l’explosion nucléaire. Sommes-nous à l’aube du 21ème siècle qui est plus sombre que le dernier ou quoi ?
Quel rapport votre travail artistique entretien avec l’idée de machines fantômes? Qu’est ce que vous inspire cette idée? ce rapport que la machine peut entretenir avec la vie, la mort et le fait d’être hanté par les technologies?
Certes, nous pouvons être hantés comme une machine fantôme, ou nous pouvons être obsédés par elle aussi. Mais si c’est un fantôme, c’est un fantôme ! À cet égard, ce qui nous hante ou nous obsède n’est peut-être pas une machine fantôme, mais le fantôme d’une machine fantôme ! Ce qui m’inspire, c’est la qualité invisible du fantôme. Eh bien, la musique est essentiellement invisible, qu’elle soit acousmatique ou non. Donc après tout ce qui nous hante vraiment, fantôme ou musique ?
Avez vous déjà participé au festival electropixel? que pensez-vous de ce genre de festival? De votre point de vue que serait-il important de développer à l’avenir dans ce genre d’événements ?
C’est la première fois que je participe à Electropixel, et j’ai hâte . Vous avez une bonne concentration sur les artistes/compositeurs vivants et leurs œuvres, et il est sûrement important de développer des événements de cette façon.
Pourriez vous nous parler d’événements similaires qui vous ont marqués ? Comment envisagez vous les possibilités de diffusion de votre travail artistique? quels sont les rapports que vos recherches et diffusion entretiennent avec le public ?
Eh bien, est-ce que des événements similaires aux vôtres existent ? Je ne voudrais pas que les gens intellectualisent trop ma musique, alors je choisis de ne pas parler beaucoup avant les présentations. Jusqu’à présent, j’ai constaté que beaucoup de gens font des interprétations intéressantes en écoutant mes pièces.
Quelle artistes sont des sources d’inspiration pour vous ?
J’ai toujours admiré le travail et les œuvres de Peter Brook.
Quel sont vos futur projet artistiques ?
J’aimerais rester simple pour continuer à créer des morceaux de musique. Pour l’instant, je ne suis pas très intéressé par la collaboration artistique avec d’autres disciplines.