“Glowing” est un ready-made composé d’un fragment de verre soufflé en verre ouraline datant du début du XXe siècle provenant de Montceau-les Mines, ancienne ville minière du bassin minier de Saône et Loire.
L’Ouraline est un verre dans lequel a été incorporé de l’uranium, il brille d’un éclat vert lorsqu’il est révélé à lumière ultraviolette.
Utilisé depuis d’Antiquité, le verre en ouraline connaît son apogée au XXe siècle en France et à l’International, il en existe plusieurs type,sa fabrication se perpétue aux États-Unis, (Fenton Art Glass Company, Mosser Glass, GibsonGlass et Jack Loranger.)
Parée de nombreuses vertus lors de sa découverte, parfois au-delà du raisonnable, la radioactivité n’est pas une découverte récente.
Si il est vrai que les explosions atomiques militaires d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945 et les accidents nucléaires civils deTchernobyl en 1986 et de Fukushima en 2011 ont contribué à créer et à entretenir peurs et inquiétudes, les rayonnements provenant de substances radioactives sont largement utilisés dans l’industrie pour le contrôle de pièces manufacturées, dans la médecine nucléaire à des fins de diagnostic et thérapeutiques.
Le fragment en verre ouraline isolé devient un sujet contemplatif, vanité contemporaine mettant en lumière une réminiscence, la révélation du phénomène physique considéré comme “la plus révolutionnaire des découvertes scientifiques des années 1895 à 1905”*.
La radioactivité soulève bien plus que des problématiques techniques ou scientifiques, des questionnements philosophiques, éthiques et ontologiques.
*Emilio Segré, Les physiciens modernes et leurs découvertes.
Sophie Keraudren-Hartenberger développe un travail de sculpture, film, installation autour des liens préexistants entre l’infiniment grand et l’infiniment petit. L’exploration est menée dans différents lieux, naturels, industriels et scientifiques.
Par une approche multidisciplinaire souvent liée au lieu, la pratique de Sophie Keraudren-Hartenberger engage des dispositifs de révélations. Décrire le monde à partir des matières naturelles ou transformées qui le compose. Les matériaux sont sélectionnés pour leurs propriétés intrinsèques et leur potentiel de transformation. En résulte des mises en scènes sensorielles composées d’images sensibles, sculptures, films, installations. Le processus de travail peut être assimilé à une pratique héritée du naturalisme ou de l’empirisme dans l’expérimentation des combinaisons de révélations de nouveaux espaces. En intégrant une dialectique scientifique et industrielle, elle corrèle l’infiniment grand et le caractère profond de l’infiniment petit dont la perception existe grâce aux outils de la science.
Au delà du simple rapport formel, Sophie Keraudren-Hartenberger nous propose de questionner la matière et une certaine temporalité dans laquelle le spectateur est amené à regarder de près, de loin, au-dessus, en- dessous, dans la lumière, dans l’obscurité. Ainsi ce qui nous paraissait jusqu’alors familier se mêle et se trouble par un système d’association nous faisant douter de nos savoirs et de nos sens, fabrique d’imaginaire semant le trouble de la perception.