REM(A)INDERS
“Hélène Delépine est en recherche constante. Le réel, saisi lors d’une déambulation, est la source de la fiction où se développent des cohabitations improbables et pourtant interrogatoires. La place et les interactions des éléments du réel s’en trouvent déplacés, glissés au sein d‘une fiction, dont l’œuvre ainsi composée se trouve porteuse. Dépayser le réel est sans aucun doute le moteur de cela.”
Christian Garcelon, directeur de la biennale d’art contemporain de Saint-Flour, 2017
A partir d’une marche organisée à Saint-Nazaire avec l’artiste Alexis Judic pour découvrir les trésors architecturaux de la ville et son histoire, l’artiste a photographié puis dessiné certains éléments qu’elle a retranscrit par le procédé du modelage. Point de rencontre entre le réel, les perspectives et les points de vue, les sculptures forment une synthèse où le paysage citadin incarne le désir d’imaginaire. Reminders ou remainders, rappels ou restes, REM(A)INDERS est un récit qui explore l’origine, l’essence des images et ce qui demeure.
“Mon travail est un jeu de construction fait d’expériences de combinaison qui fonctionne par déplacement et par l’usage du signe et de l’indice. Il se situe dans un cheminement qui explore les points de vue et les rapports d’échelle. Il interroge la permutation du réel et de notre imaginaire en mêlant l’architecture à l’objet, le géométrique à l’organique, l’essor au déclin. Entre la résistance et la fragilité, le rigide et le dissolu, j’opère selon des principes de dualité et de contradiction qui traduisent une tension et permettent d’amorcer une réflexion ou un questionnement. Je souhaite instiller un doute dans ce qui est donné à voir et révéler le potentiel fictionnel du réel, lui empruntant un répertoire de formes et d’images ayant une capacité à s’abstraire afin d’élaborer un vocabulaire formel simple et essentiel. J’aime l’idée chère à Ettore Sottsass de transformer le banal en atemporel ou en d’éventuels archétypes mythiques. A travers la pratique du modelage de la terre, je cherche les potentialités à interroger et figurer des états intermédiaires qui peuvent se contredire et ainsi ouvrir une brèche pour sonder nos multiples lectures du réel. J’aime à penser que cette matière à la fois intemporelle et intimement liée à l’histoire de l’homme, de ses cultures et de ses pratiques peut sans cesse éprouver le lien entre ce qui s’édifie et ce qui se délite, entre ce qui appartient au présent et ce qui relève du passé, entre ce qui est et la projection que l’on a du réel, et ainsi former la synthèse d’une seule et unique condition.”
Hélène Delépine est née en 1987 à Pont-Audemer. Elle est diplômée de l’Ecole Supérieure des Métiers d’Art d’Arras (2009) et de l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Limoges (2013). Elle vit à Nantes et travaille au sein des locaux de l’association MilleFeuilles depuis 2018 et enseigne à l’école d’art de La Roche-sur-Yon depuis 2020. Son travail est présenté dans des manifestations d’art contemporain en France (Le BBB centre d’art – Toulouse, Biennale de la Jeune Création Contemporaine – Mulhouse, Biennale Chemin d’Art – Saint-Flour, Galerie du Collège Marcel Duchamp – Châteauroux, MacParis – Bastille Design Center, Biennale Internationale de Création Contemporaine et Céramique – Vallauris).