Bordelou, raffinerie contemporaine
Bordelou, cantonnier plastique
Bordelou, exhausteur de goût.
Au sein de Bordelou, nous sommes engagés dans un travail pluridisciplinaire, volontairement hétéroclite, qui se matérialise par des images, des volumes, des interventions. La nature de nos réalisations est réfléchie dans le contexte qui suppose leur définition formelle, sans réel souci d’une continuité esthétique.
En effet, si notre collaboration est née du plaisir et du désir de création plastique conjointe, notre connivence tient beaucoup à l’attention que nous portons au processus qui va mener à l’existence de nos œuvres.
Notre attention particulière se manifeste dans une pratique presque ludique qui nous entraîne à prendre beaucoup de photographies (photos de smartphones, lo fi, des saisies). Leur masse forme une boue, plus qu’un corpus, qui sert de probiotique à notre mémoire et nos idées, d’où l’on peut extraire un ou plusieurs éléments.
Cette collecte d’image en accompagne une autre, celle des rebuts ou des excédents de matériaux et d’objets issus, pour une grande part, des institutions artistiques pour lesquelles nous travaillons par ailleurs.
Riche et fécond, cet environnement est bien sûr opportun, mais nous envisageons ce fonctionnement comme une action écologique, apportant une seconde vie à des données matérielles dont la teneur peut être réactivée dans d’autres cadres.
Les glissements sémantiques, que l’on trouve dans certaines de nos pièces, font écho à notre goût du glissant, du gluant, du visqueux. Nous nous accompagnons de matières instables que nous manipulons et que nous observons volontiers sur de longues durées. Souvent, la liberté de ces alchimies, à laquelle nous sommes attachés, ne trouve d’harmonie qu’éphémère, parfois pas du tout.
La logique de Bordelou s’accorde au ratage, au “bien fait, mal fait, pas fait” de Filiou.
Le travail de Bordelou prend forme autour du et avec le « vivant » à travers des plantes, des algues et indirectement des animaux. Indirectement des animaux, car nous leur proposons des interactions possibles avec nos sculptures. Libre à eux d’accepter ou non.
Soucieux que notre pratique se développe en résonance avec nos convictions environnementales, il nous tient à cœur qu’elle conserve une certaine légèreté. Cette légèreté se manifeste aussi dans les titres, les notes qui les accompagnent et leurs allusions amusées aux travaux d’artistes aînés.
Excepté Michel Leeb, nous sommes sensibles aux travaux des personnes que nous évoquons. Cette forme d’hommage, parfois plus impertinent que respectueux, est une façon de nous approprier, avec notre regard actuel, ce qu’ils nous ont légué. C’est une sorte de cannibalisme artistique.