Lisa Bonvalot a consacré ces dernières années a un travail de recherche autour du rapport que nous entretenons avec notre environnement, comment nous agençons le territoire et tentons de maîtriser la nature par la technique. Son travail aujourd’hui, à travers l’étude de phénomènes naturels, utilise leurs propriétés pour générer, à l’aide d’outils numériques, des interfaces entre homme et espace.
Lisa nous parle un peu de son parcours, de sa passion et de ses motivations…
Pouvez-vous nous parlez un peu de vous? Nous expliquer votre parcours artistique?
J’ai grandi à Besançon (25) entre les restes d’un passé industriel entouré de fortifications et les forêts avoisinantes. Lourdement influencée par la scène électro et le street art local, j’ai tout d’abord travaillé sur les murs de la ville puis avec les murs, en étudiant leur texture, superposition de couches, d’histoires. Cette matière urbaine je l’utilise aujourd’hui dans la composition de paysages tant visuels que sonores. Trois ans aux beaux arts de Nantes m’ont permis d’élargir ma pratique à un éventail de techniques et plus particulièrement en création numérique. Je poursuis mes études aux beaux arts de Strasbourg dans l’atelier Phonon spécialisé en arts sonores.
Comment avez vous démarré votre pratique artistique et quand avez vous commencer a vous produire en public?
Par l’observation de l’environnement urbain et l’impact physique, organique qu’il produit en chacun. Je ne me suis jamais produit en public.
Quel musique, ou artiste vous a inspiré pour créer vos oeuvres? Quelles sont vos principales influences?
J’apprécie les travaux mêlant culture populaire, histoire et sciences humaines, naturelles ; Mark Leckey « Lending enchantment to vulgar materials » ; Joseph Beuys « Sculpture sociale » ; Archizoom associati « Letti di sogno » ; David Lynch … Ce qui me plait dans le son c’est le rapport organique que nous entretenons avec, je trouve intéressant les artistes utilisant des enregistrements urbains, industriels dans leurs créations, cela nous permet d’établir un rapport physique, harmonique avec ces éléments : Einar Torfi Einarsson « Desiring machines » ; Esplendor Geometrico « Pulsion » ; Einstürzende Neubauten ; Xenakis…
Pouvez vous nous parler du projet que vous présentez à Electropixel?
Installation vidéo et synthèse de parpaings : « Urban Blight »
Trois blocs de ciments moulés dans la terre contiènnent des micros piezo, les fréquences émises sont synthétisées et associées à divers paramètres vidéos à l’aide du logiciel VVVV. Le spectateur/acteur compose le rendu vidéo par son intéraction avec la matière.
Comment êtes vous arrivé à la création d’un tel travail? Quel processus, étapes de création, échecs et ouvertures expérimentations?
L’idée de départ était de capter la matière sonore du ciment, son grain, afin de créer un éffet de distortion à appliqué en temps réel sur une voix. L’intéraction tactile avec le ciment permetterait donc de moduler certains aspects de la voix, la voix étant au language ce que le ciment est au parpaing, une matière chaotique devenue matériaux de construction sociale. L’installation présente sur le festival est donc une première étape dans l’utilisation de ces sons, ils sont pour l’instant uniquement captés, analysés (FFT) et associés à divers éléments vidéos. Le film utilisé est un plan séquence illustrant la déstructuration d’un parking souterrain. Cette installation permet, en un sens, au ciment de s’exprimer via les vibrations qui le traverse et de nous dire que la matière même transformée, améliorée subit les éffets de la nature et du temps.
Qu’est ce qui vous tient à coeur quand vous pratiquez votre art?
Observer les réactions du public, bonnes et mauvaises, avoir des retours, idées, conseils.
Quels conseils d’approche pouvez-vous donner aux personne qui ne connaisse pas votre style d’art?
Expérimenter, être curieux.