C’est à travers l’installation, les expérimentations sonores ou encore le dessin que Kevin Cardesa entends révéler des espaces.
Ce travail de “captation” in-situ manifeste un désir de faire entendre et voir des phénomènes présents, mais inaccessibles du fait des limites de la perception humaine.
Oscillant entre lutherie électronique et sculpture minimale, ces révélations, se montrent et s’écoutent autant de manière sensible qu’ ironique, comme un questionnement sur l’homme et son rapport à la technologie et à la machine.
Il s”intéresse particulièrement au bruit comme matière sonore et sculpturale car il lui semble immanent à la question de l’espace.
De nature aléatoire, ces installations prennent une allure simple, en opposition avec la complexité de cette matière.
Ces dispositifs peuvent aussi tenir une place dans mes compositions sonores, elles en deviennent, par ce transfert, instruments d’une certaine “noise” musique.
Kevin Cardesa n’est pas seul sur ses projets, c’est avec Todel qu’il s’associe pour travailler
Todel crée des unités spéciales, de grandes installations où les morceaux de temps et de matière s’agglomèrent les uns aux autres, jusqu’à former une parcelle stable pour observer un monde qui se construit.
Intégrer de nouvelles connaissances. Entrainer des géologues, des archéologues, des chimistes, des radioastronomes, des poètes.
Se remettre à voir, à observer, à comprendre, à marcher, à toucher, à déterrer. Son but est d’ouvrir les frontières, aller voir ce qu’il y a ailleurs, quand tout a disparu, ce qu’il y a après ou plus loin.
Kevin nous parle un peu de son parcours, de sa passion et de ses motivations…
Pouvez-vous nous parlez un peu de vous? Nous expliquer votre parcours artistique?
Salut, Kévin Cardesa, 27 ans, 1m79, cheveux blond, yeux noisette, sagittaire.
Comment avez vous démarré votre pratique artistique et quand avez vous commencer a vous produire en public?
D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours dessiné, pas que ce soit réellement là que j’ai démarré ma pratique, mais ça y touche il me semble. Le vrai tournant, c’est la fin du lycée, je savais pas trop quoi faire alors avec le chanteur de mon groupe de l’époque on s’est inscrit en musicologie à la fac de lettre d’Aix-en- Provence… Ce fût un échec total pour nous deux. L’année suivante je rentrais en Art plastique dans la même fac. Faute de moyen et d’espace, j’y allais pas souvent faut dire, du coup à force de traîner dans toutes les soirées possible, j’ai rencontré Benoît Chomard. C’est lui qui a été le vrai déclencheur, on a passé pas mal de temps dans son atelier et dans son camion, il m’a poussé à m’inscrire aux beaux arts. Je lui doit pas mal de choses.
Ma première production publique, c’était à Luxury Lobster (c’est hype hein) en 2012. Mon coloc’ était D.A du lieux, ça aide. C’était une peinture que j’exposais, pour vous dire comme ça remonte.
Quel musique, ou artiste vous a inspiré pour créer vos oeuvres? Quelles sont vos principales in uences?
Ah, les références! Pour n’en cité qu’un et pour être bien cliché, je dirais que c’est la rencontre avec la «musique» de Merzbow, genre gros bruit extrême, j’étais en deuxième année à ce moment la. Pour la première fois, j’envisageais la transformation d’un espace par le son. Ensuite j’ai creusé la dedans en passant par La monte Young, Max Nehaus, Nicolas Mongermont, Sun O))) ect… Tout ça est venu très tard en fait puis j’me rappelle jamais des noms…
Pouvez vous nous parler du projet que vous présentez à Electropixel?
Ouais, Sursaut Solaires c’est une installation en temps réel d’écoute des radiations émises par le soleil. Par radiations, il faut entendre toutes les ondes électromagnétiques émises par celui-ci. Elle se présente pour le moment sous la forme d’une antenne basé sur un radiotélescope do-it-yourself (LUCIE) et d’une caisse de résonance.
Comment êtes vous arrivé à la création d’un tel travail?
Quel processus, étapes de création, échecs et ouvertures expérimentations?
C’est une idée qu’on a eu avec Tom en troisième année. Je sais plus exactement comment c’est venu mais on testais pas mal de choses avec des transmissions/réceptions radios. Au même moment, Delphine faisait une pièce sonore spatialisée avec des sons tirés de l’espace qu’elles avait récupéré soit par la NASA soit par l’observatoire d’Orsay. Comme Delphine et Tom commençaient vraiment à travailler ensemble, il se sont branché avec des radios astronomes amateurs pour une installation d’écoute d’entré des météores dans l’atmosphère. J’en ai profité pour y aller avec eux. C’est un mélange de tout ça je crois…
Pour le moment le processus est assez simple, Tom s’occupe de l’antenne, Delphine des images et des textes et moi du rendu sonore, il faut dialoguer à trois en se servant des connaissances de chacun.
Il faut aussi qu’on fasse en fonction des outils qu’on peut s’offrir, d’ou le choix du radiotélescope DIY, personnellement j’aimerais bien écouter le soleil avec du matériel d’observatoire, brancher sur du 20 MHz et capté directement les ondes électromagnétiques sans être obligé d’opérer une transformation, mais cela nous est pour le moment inaccessible.
N’étant plus dans la même ville, on parle pas mal par le biais d’internet, ça permet de figer les idées qu’elles soient ainsi écrites. Avec cette distance, on a du faire plusieurs sessions de travail de montage à intervalle irrégulier, mais vu qu’on avait déjà pas mal bosser ensemble, ça va assez vite. Pourtant, on aura mis trois ans à concrétiser la réalisation de cette installation, elle est toujours en évolution d’ailleurs.
Comment composez-vous votre musique?
Bah ça dépend des projets, mais j’essaye dans tout les cas d’intégrer une grande part de liberté dans mes compos.
Disons que dans mes installations je crée des systèmes où les variables sont libres de faire leurs propres choix, je compose des programmes mais j’offre la possibilité aux données de l’investir plus ou moins comme elle le veulent. Dans uns sens on touche presque à un rapport tautologique.
Dans le groupe «Who smokes the sun» c’est un peu différent, on compose avec une notion de durée d’ événements, un peu à la manière du free jazz.
Qu’est ce qui vous tient à coeur quand vous pratiquez votre art?
Avant tout c’est de prendre du plaisir à s’inscrire dans un espace.
Qu’est ce que vous voulez faire ressentir aux gens qui vous écoute?
Ce n’est pas parce que quelque chose est imperceptible que c’est inexistant.
Quels conseils d’approche pouvez-vous donner aux personne qui ne connaisse pas votre style d’art? Comment appréhender votre musique et saisir la perception que vous voulez faire passer?
Je dirais qu’il faut se laisser-être, pendant un temps, s’oublier.