Amandine Portelli
Artiste
vit et travaille à Ingrandes-Le Fresne sur Loire
“En choisissant de se poser en observatrice, et répondant à des questions sociologiques par des principes formels, une fabrique d’images, Amandine Portelli interroge les systèmes de contrôle que génèrent la société. ”
Sandra Doublet 2014
De 2017 à 2020, je développe un travail à partir d’un corpus d’images photographiques et d’un extrait de mon journal de voyage lors de mon séjour en Bosnie-Herzégovine en 2007/2008. Je pratique le dessin, les techniques de l’estampe, le dessin animé et la vidéo.
Le terme “urbicide” guide ma sélection de photographies pour composer avec les matières et les formes. La guerre de Bosnie-Herzégovine et ses actions politiques se définissent par les destructions de villes et plus précisément d’un génocide social. Actuellement, le pays est fortement divisé, non pas pour garantir la paix mais pour un modèle de stabilité de façade, appliqué à bien d’autres pays.
Les dessins de cette série “Urbicide” ne représentent pas la période de guerre, c’est une période actuelle qui m’inspire. La population est prise en otage par un blocage du développement économique où aucune perspective de changement n’est avancée. Et du jamais vue dans l’histoire ; l’exode massive en temps de paix. La page des guerres des années 90 n’est pas tournée d’autant que ce sont les mêmes au pouvoir. Les balkans sont révélateurs des contradictions de l’Europe ; ils sont amis des grandes puissances – géostratégique – mais sont organisés par un système mafieux. La série de dessins “Urbicide” joue de l’obstruction par la superposition des motifs et des matières. Je dessine au fusain les bâtiments en ruine de Mostar vidés de leur intérieur dont la photo d’origine est prise en pleine nuit à la lumière des lampadaires laissant apparaître les ouvertures aussi noires que la nuit qui entoure le bâtiment. Ensuite, j’interviens à l’encre de chine où je m’intéresse au mouvement d’éléments de décor de scènes de révolte tels que la fumée dense, les jets d’eau, déflagrations, impacts et projections, jaillissements. Finalement, c’est avec une trame noire imprimée en sérigraphie que je viens “enfermer le dessin”. Ces dessins sont empris d’un climat de violence généralisée à l’image des dérives de l’Europe.
Amandine est née en 1985 à Lagny-sur-Marne. Elle a suivi le cursus des Beaux-Arts d’Angers ponctué par une année de formation dans le département des arts graphiques de l’Académie des Beaux-Arts de Sarajevo. A la suite de l’obtention de son diplôme, elle créé un atelier de sérigraphie mobile et de gravure, elle co-fonde un lieu d’actions artistiques à Denée, la Galerie A, puis avec l’association F-O-R-M-E-S, ensemble, ils montent le Festival FORMA à Angers. Elle termine le projet de la Galerie A et de l’association F-O-R-M-E-S pour co-créer OuOùOuh. Elle co-dirige ce lieu, y développe les partenariats. Artiste et également enseignante d’éducation socioculturelle en lycée agricole.